Ma recherche d’un sujet de diplôme m’a amenée jusqu’en Bulgarie, 32 heures de bus à travers l’Italie et l’ex-Yougoslavie. Là, je suis tombée amoureuse d’un bâtiment atypique, qui, sous des dehors criards tout juste rénovés, cache des voûtes somptueuses qui nous content une autre époque : les thermes de Sofia, édifiés de 1912 à 1919, sous l’influence tsariste à la gloire de l’eau chaude minérale, défiance insolente à l’empire ottoman chassé de Bulgarie en 1878 ... avant que le communisme ne vienne assombrir la ville de ses lourdes barres grises, monolithiques et monotones et ne décide d’en interdire l’accès au peuple en 1987.
Heureusement le mur de Berlin tombe 2 ans plus tard, et dix ans après, lors de mon passage à Sofia, le bâtiment anime toujours les débats. Il y a avait eu plusieurs concours sur le devenir de cet édifice, ils avaient déchainé les passions, plusieurs articles en attestaient, la plupart des architectes voulaient en faire un Musée de l’histoire de Sofia (voir bas de page)
Moi j’ai vu l’eau chaude qui coulait en continu sur la place qui lui servait de parvis, source à laquelle toute la population venait s’abreuver tous les jours tant ses vertus médicinales étaient reconnues, le tout dans un nuage de vapeur fantasmagorique qui tranchait avec la fraîcheur matinale.
J’ai vu les anciens thermes romains et d’autres ruines découverts dans une trame de métro construite dans les sous-sols tout proches. J’ai vu l’actuelle mosquée, qui faisait face aux thermes tsaristes, de l’autre côté du parvis, c’était en fait les anciens bains turcs, délaissés suite à un tremblement de terre qui avait délocalisé la source chaude. Trois époques, romaine, byzantine et tsariste autour d’une même place et autour d’une même source.
Je tenais mon sujet « Un musée à Sofia, histoire d’eau ». Le musée ne devait pas envahir l’édifice, ni en modifier sa destination. Le musée devait lier le présent et le passé en s’enfonçant dans le sol du parvis pour se laisser recouvrir d’un toit de verre tout juste affleurant, recouvert de cette eau chaude, récupérée des bains remis en fonction. Il devait se tenir dans les ruines des anciens thermes romains mais aussi être lié aux édifices en surface. Il devait retrouver les dimensions de l’ancien bassin du parvis des termes, intervention minimaliste en surface mais à la croisée de toutes les circulations, piétonnes, automobiles, tramway, taxis, et bientôt métro, etc.
Coralie Hoarau.